EMBRUN 2007

 

 

J -11 mois : Septembre 2006

            *Je décide de faire Embrun en août 2007.

C’est aux vacances de la Toussaint que je prends officiellement cette décision avec mon entraîneur. Mais avant je finis ma saison 2006 par quelques courses sur route et des Trails.

*Quel a été le déclic ?  C’est la réussite de Corinne Faquin, membre du club de Loriol qui sera le déclic de ma décision. De même niveau que moi, on y croyait pas alors si elle a réussi je dois pouvoir y arriver également !! Et puis 30 ans et 11 ans de triathlon, ça se fête !!

*Pourquoi Embrun ? Embrun, c’est LE triathlon Ironman de France, réputé très difficile voire le plus dur au monde ; ça ne pouvait être que celui-là.

 

J -8 mois : Janvier 2007

            Début de la préparation pour Embrun, c’est dans 8 mois, mais la course est déjà dans ma tête.

3 membres du club sont au courant : Sophie C., Ludo P. et Cédric D.

 

J -3 mois : Mai 2007

            *1er Triathlon de la saison : bilan mitigé. Je n’améliore pas ma perf d’il y a 2 ans.

 

            *Fin mai, je participe au Raid O’Biwak (ancien raid Ign) avec mon frère. On finit 3ème à l’issu des 2 jours. La 1ère journée se passe bien sans erreur, on est 4ème à quelques minutes des 1er : tout est possible ! Une nuit sous des trombes d’eau, lever à 5h en fanfare sous un brouillard à couper au couteau (vision maxi 3m). La deuxième journée commencera sous la pluie pour finir sous le soleil, un choix tactique nous place provisoirement à la 1ère place à la 4ème balise mais plus tard une erreur de lecture de carte nous fait perdre cette place. On finira 3ème, les 1er et 2ème étaient meilleurs techniquement mais aussi physiquement. Ce ne sera que partie remise l’an prochain ……

 

J -2 mois : Juin 2007

            Triathlon de Cublize, le format se rallonge en natation et le parcours de couse à pied se durcit.

Je mets 7h37’ et 15’ de mois qu’il y a 2 ans. Je suis contente de ma performance et de mes sensations par contre je me pose des questions sur Embrun !!!! C’est déjà dur en vélo alors est-ce que je vais arriver à monter le col de l’Isoard ?

 

Juillet 2007

            *1er We : Je pars pour une semaine de stage sur le site d’Embrun du 7 au 13 Juillet : Objectif reconnaissance des différents parcours et réglage de l’alimentation solide et liquide. Ma tante sera mon assistante pendante toute cette semaine, que ce soit en course à pied ou en vélo.

            -Natation : je fais le tour du lac, à peu près le parcours (il n’y a pas encore les bouées). Je mets 34’, c’est pas mal.

            -Course à pied : Je fais le semi, je mets 2h10’ (en réalisant ce qui correspond au 2° tour). Je n’ai pas de super jambes, je ne cours pas très vite. Ouah, il y a une belle bosse : celle de la montée en ville, je la fais en courant !!!! Un parcours pas facile et exigeant.

            -Vélo : Je reconnais d’abord le parcours en voiture (enfin la grande boucle) car je ne suis pas sûre que le marquage soit encore au sol ; ça monte ça monte ça va être très dure.

Passons maintenant à l’action.

                        Je fais d’abord la première boucle de 46Km.Je démarre doucement, olalala ça monte très dure dès le début. Je me pose des questions, et je me demande même si ça va continuer longtemps comme ça, j’ai vraiment du mal. Ça s’arrête enfin au bout de 53’, ouf je commençais à déchanter et à me poser beaucoup de questions quand à mon inscription. La suite est plutôt vallonnée et sympa, la redescente sur Savine et le lac nous montre un paysage magnifique. Il y a du vent sur le pont de Savine puis c’est enfin le retour sur Embrun. Je mets 1h47’.

            Le mercredi, je pars pour la grande boucle, il est 8h du mat’. J’ai préparé mes bidons et mon alimentation, j’ai brieffé ma tante sur les points de rendez vous et sur les codes ( ravito )

Je n’ai jamais 145Km de ma vie, encore moins toute seule et avec un tel dénivelé !!! Je décide donc de partir tranquillement et puis la journée sera très longue.

Le début est plutôt tranquille, vallonné sur une petite route, on distingue la Durance en contre bas. On retrouve la grande route et une grande ligne droite, je n’aime pas trop. Virage à droite, on se dirige vers Guillestre, 3 petites montées qui annoncent la suite du parcours. Les gorges du Guil, très jolies, sympa à faire mais surtout un léger replat qui permet de souffler un peu avant la montée vers le col.

La fin du Guil est marquée par le début de la montée, puis c’est le virage à gauche ; là on sait que la difficulté commence. Dès les premiers virages, ça monte dure, je ne vais pas vite et j’essaye de garder mon rythme, un coup de cul juste avant La Chalp, on arrive à Brunissard, dernier village avant le col de l’Isoard. Je n’ai que 9 vitesses et 34*25 à ma disposition pour cette première reconnaissance, je sais qu’il y a plus d’une dizaine de virages à réaliser jusqu’à casse déserte. Je monte à mon rythme entre 7 et 8Km/h, je ne m’affole pas. Je mets 32’ depuis Brunissard. Petite descente après Casse Déserte et les derniers virages avant le sommet, ouah ça fait mal aux jambes ! Arrêt de 5’ au sommet pour changer de bidons refaire le plein de bouffe.

La descente est plutôt technique pour moi qui ne suis pas une grande descendeuse.

Après Briançon, retour en direction d’Embrun ; j’ai un petit coup de barre. Je dis à ma tante de me préparer un bidon de soupe plutôt que du sucré (ça ne passe pas bien). Le parcours est vallonné, ce qui me permet de récupérer doucement. 50’ plus tard j’arrive à la fameuse côte de Pallon/Champcella (que je connais en tant que spectateur). Elle me fait très peur de part son pourcentage et sa ligne droite ! Même chose je la monte tranquillement en prenant des repères au sol sur sa distance (1/3= porche en fer, ½= marquage au sol, ¾= point d’exclamation, fin= gros rocher). Pour la suite, la route est fermée, je la redescend et récupère la grande route jusqu’à l’aérodrome. Je reprends la suite du parcours. On remonte un peu pour redescendre vers la petite route des campings. Le retour est plutôt sympa et facile car en léger faux plat descendant sauf le début avec un petite côte que je n’aime pas trop.

J’arrive au pont d’Embrun, ça remonte jusqu’au village pour là c’est encore l’inconnu qui fera mal aux jambes, ça monte dur. Enfin le sommet et la redescente vers le « parc vélo ». J’ai mis 5h30’ pour faire ces 146Km, avec des hauts et des bas. J’ai mal aux jambes et je reste assis sur ma chaise pendant 20’, je me dis qu’il faudra que je cours 42Km encore !!!!!

Je pensais que ça serait bien plus dur, finalement je m’en sors pas trop mal pour une première. Petite pensée à ma tante, qui à fait les 145Km à mon allure et s’est arrêtée très souvent tous les 10 à 15Km voire moins, sa journée a due être très longue aussi J

 

Fin de la semaine de stage à Embrun, bien fatiguée mais contente de mes séances d’entraînement.

 

*Vendredi 13 Juillet : Inscription au Triathlon. Ça y est s’est fait. Je n’ai plus le choix maintenant.

 

*Samedi 14 Juillet : Départ pour une autre semaine de stage, cette fois-ci à la station des Rousses (dans le Jura). Je ne suis pas toute seule la famille Jean est là avec Patrick, Anatole, Corinne, Fred et Aurore mais aussi Olivier Jamet, Stéphanie et Lionel.

Semaine chargée en entraînement, il va y avoir du volume ! 2 séances par jour, on alterne vélo, course à pied, trail …. Le 1er jours ça va, le 2ème moins bien et le 3ème je suis à la rue, je n’ai plus de jambes du tout (je m’inquiète fortement à cause de mon fer : plus d’énergie veut dire plus de fer et de réserve de fer è je n’avance plus en vélo je suis scotchée dans les côtes) et puis je ne peux plus m’asseoir sur ma selle !!! La sortie en VTT restera dans ma mémoire (j’ai détestée pousser mon vélo), la fatigue … m’ont fait craqué. Deux sorties en trail très jolies avec une vue formidable sur le lac Léman

Une semaine ensoleillée, très sympa avec en prime une journée en Suisse (pour faire le plein de chocolat !!)

 

-Après cette semaine d’entraînement intensive, je suis crevée. Je décide de revoir mon médecin car ma fatigue m’inquiète. Les analyses ne sont pas bonnes, mon moral est au plus bas.

La semaine qui suit est plus cool.

Le vendredi, je suis de retour sur Embrun pour le WE. L’objectif étant de refaire le parcours vélo. Cette fois-ci c’est ma mère qui fera l’assistance.

 

-Je commence à changer mes horaires de sommeil : coucher tôt et lever tôt !

 

*Samedi 28 Juillet

Dès le début de la première boucle j’ai les cuisses qui me font mal ; elles me brûlent je pense à la journée de demain qui risque d’être un vrai calvaire. Premier pointage, je suis en avance de 2’. Je sais qu’ensuite c’est plus tranquille, et ça se passe bien. J’arrive à Embrun en 1h44’. Je me dis que c’est pas mal vu l’état de mes jambes. Demain est un autre jour

 

*Dimanche 29 Juillet

Départ 8h, comme la dernière fois, je ne vous ai pas dit pourquoi ? Le temps limite natation est à 8h15’, je me laisse une petite marge !!

Je pars pour ma longue journée de vélo, encore une fois toute seule.

Je suis bien au début jusqu’à Guillestre, même en avance mais ça se gâte dès la fin de la vallée du Guil. Arvieux – La Chalp – Brunissard sont très dur, je souffre les jambes aussi ; je suis pratiquement à l’arrêt à la sortie de Brunissard (5Km/h). Je me demande, si je vais réussir à monter le col. Cette fois-ci, j’ai mes 10 vitesses et  34*27 ! Je vais bien les apprécier et les utiliser. La montée est plus lente que la première fois entre 6.5 et 7.5Km/h. Le coup d’arrêt arrive à quelques virages du col, les crampes arrivent juste sous les fesses puis c’est au tour des quadriceps. La contraction est tellement violent qu’elle m’arrête nette, je ne peux plus pédaler, je manque de tomber au sol ; j’ai juste le temps d’enlever ma calle. Les contractures tétanises mes jambes, je ne peux plus bouger, ma mère est au sommet et m’attends, je lui crie mes crampes. Je réussi à repartir 10’ plus tard. Au sommet, je suis dépitée, je me demande même si ça sert de continuer, j’essaye de joindre mon entraîneur mais pas de réseau L…..j’attendrai donc l’arrivée vers Briançon pour lui parler ; il me dira de continuer tant que je pourrais.

L’après Briançon ressemble à la 1er reco, j’ai un coup de barre, je ne suis pas bien en plus il fait chaud, plus que début juillet. Ma mère prépare mes bidons en fonction des informations que je lui donne et de mes envies du moment. Je m’arrête de nouveau à l’aérodrome, je n’en peu plus, j’ai envie d’une pêche ! Je décide de repartir en récup° jusqu’au camping qui se trouve au pont avant Embrun. Le retour sera long très long ……..

J’ai mis 5h42’ pour faire 135Km, je suis crevée à bout de forces. Je me dis, que je n’y arriverais jamais dans cet état là ! Mon moral est à raz les pâquerettes !

 

-Patrick (mon entraîneur) essaye de me remonter le moral en me disant que l’on a beaucoup bossé pendant ce mois et que c’est normal, je ne suis pas très rassurée.

 

J -15jours

            Les séances sont cool, et ont pour objectifs de refaire du jus, refaire le plein d’énergie.

Dodo à 21h et lever à 7h.

Ma chaîne de vélo ne passe pas correctement sur un pignon, je décide d’affiner le réglage : mauvaise idée, c’est pire. Mon père m’aide donc !

 

J- quelques jours

*Samedi 11 Août

            Départ pour Embrun, enfin plus exactement les Orres et son gîte avec tous ceux du Club de loriol. Quelques jours à passer tous ensemble, en famille et entre amis. Bref c’est très sympa.

 

J -2 jours

            *On va chercher nos dossards : j’ai le dossards 49. Il n’y a que 32 féminines.

            *21h dodo, le rideau du vélux n’est pas fermé, je me relève. Mais il est cassé, et lorsque je l’accroche, ça ne tiens pas et je me le pends en plein nez ! Je pisse le sang, je me dit ça y est, mon nez est cassée (c’est la série après celui de Stéphanie en vélo !), j’ai super mal. Le lendemain, mon nez est un peu enflé, j’ai un bon bleu ! Plus de peur que de mal, mais les lunettes sur le nez me font un peu mal !

 

J -1 jours

            Petite séance de càp : 30’. Les sensations sont bonnes mais ma Fc est haute. J’ai des doutes avec mon vélo et mon dérailleur arrière, je décide de faire quelques Km pour me rassurer (vous comprendrez pourquoi je vous en parle !!!)

            Je dépose mon vélo (enfin je me trompe de place, je m’en rendrai compte le matin de la course). Les arbitres commencent à dire qu’il faut déposer les sacs pour l’Isoard, sauf que je n’ai rien. Première panique ! Finalement au briefing, on peut les déposer le matin, ouf.

            Mon frère me rejoint au briefing, ainsi que tout ceux de Loriol. On fait une photo en commun.

           

            Retour au camping, je prépare mes sacs de ravitos, ma caisse avec tout mon matos. Repas à 19h, pâtes évidemment ! Je me couche tôt 21h (depuis 1 mois maintenant)

 

Jour J

            -Mon portable sonne à 3h50’, je me réveille doucement et m’habille déjà pour la natation.

            Petit déj : sport déj’ et un thé chaud. Je suis bien réveillée, je parle même  avec mes parents (ce qui est plutôt rare avant les courses). Il fait plutôt bon et pas froid ce matin.

            -4h35’ : Départ pour le lac

            -Je rentre dans le parcs, je me suis trompée j’ai pas mis mon vélo au bon endroit, je change donc. Mon vélo ne tient pas bien aux barrières Je gonfle mes pneus, j’installe mes affaires correctement au sol ; je vérifie mes pneus ; mince celui de devant est dégonflé (j’espère qu’il n’est pas crevé !!) Je revérifie quelques minutes plus tard, tout va bien.

Pose pipi avant le départ, je fais la queue, je ne tiens pas bien en place, la pression monte. J’ai soif, je n’ai pas pris de bouteille d’eau. J’aperçois ma mère, et m’en donne une (elle y avait pensée).

            -5h30’, je me frictionne de pommade pour chauffer les muscles, je mets également de la vaseline. J’enfile ma combinaison, je mets mes 2 bonnets, je prends mes lunettes et je me dirige vers l’aire de départ.

Des gars sont déjà en place, je me faufile entre eux, la pression est au maximum. J’entends des amis m’appeler, je vois les filles de loriol, je leur fais un signe. J’entends quelqu’un m’appeler mais je ne le vois pas. Puis c’est la bonne surprise du matin, mon entraîneur est là !!! Je ne m’y attendais pas, ça me touche beaucoup.

Plus que quelques minutes avant le départ, je suis très émue d’être là, l’émotion. Les larmes me montent même aux yeux, généralement c’est plutôt à la fin d’une épreuve, et ben non !

-2 minutes avant le départ, ils font avancer les filles puis c’est le décompte, plus qu’une minute ; les garçons frappent dans leurs mains. L’atmosphère monte, l’air du parc nous entoure, nous englobe. Puis c’est le départ, je suis sur le côté droit, je cours jusqu’à l’eau je rentre doucement je vérifie que mon chrono s’est mis en route. Ça y est je plonge dans l’eau, elle est bonne (ça me rassure). Les premiers coups de bras se font sans bousculades, on est 33 dans l’eau (Etienne Caprin nous accompagne). Je n’y voir rien, mais rien de rien, j’ai seulement ma mémoire du parcours pour me diriger. Je sais que la 1er bouée est complètement sur la droite après le ponton, je ne vois toujours pas la bouée. Subitement, il y en a une petite à côté de moi, j’aperçois la grosse bouée 50m plus loin. Ensuite, direction le bout du lac, nuit noire encore, j’avance, bizarre il n’y a aucune fille à côté de moi. J’aperçois enfin un gros spot, il me servira de ligne de mire un long moment. Enfin je vois la bouée, je suis beaucoup trop à droite, je relève la tête à gauche et là je revois les féminines. Je rectifie ma trajectoire, et je tourne à la bouée avec d’autres filles, je resterais avec elles sur la grande ligne droite en direction de la plage, les 1er gars me double puis quelques autres. 1° tour, les sensations sont bonnes, j’ai l’impression de bien avancer. Le jour se lève, et je scrute le ciel, il parait gris, je le regarderais tout au long.

2ème tour, je passe à côté du ponton et là je sens une grosse vague arrivée, les gars sont là, une centaine me double. Puis ça se calme, je suis le flot et reste dans l’axe. Je regarde toujours le ciel, il est gris, tant mieux ça m’arrange par contre j’espère qu’il ne va pas pleuvoir et qu’il ne fera pas trop froid au col de l’Isoard.

Dernière ligne droite, mon bonnet commence à s’enlever, vivement que j’arrive.

Je sors de l’eau en 1h10’, je suis contente, j’ai bien nagé (merci Loriol pour les séances de natation !)

 

-J’enlève ma combinaison, tout en courant vers ma place. Je me prépare pour le vélo, je mets de la crème, et m’habille avec ma tenue Look toute neuve (bleue et rose, j’ai pas trouvée de jaune !). Je pars en courant, je franchis la ligne et monte sur mon vélo. Je sais que la journée va être longue alors pas de précipitation, je pars à mon rythme. J’aperçois mon frère et mon entraîneur sur le côté. ça monte, je le sais, mon dérailleur saute un peu, bon ……

La pente s’accentue dès les premiers kilomètres, ma chaîne saute elle n’accroche pas bien les derniers pignons, je tourne dans le vide. Ça m’énerve, voilà ma crainte de mon pédalier se confirme, et oui j’aurais dû aller voir Fred (à la boutique) avant Embrun ! La colère monte en moi, ça ne marche pas du tout, je suis obligée de mettre pieds à terre plusieurs fois, j’essaye de régler mon pédalier. Je tombe au sol, ma chaîne n’a pas accroché les pignons, je me relève, j’hurle ma colère, j’hurle ma détresse, je suis en pleure, je ne peux pas abandonner à 3Km du départ, c’est impossible que tout s’arrête maintenant après tous ces mois de préparation. J’en ai trop bavé dans les entraînements pour jeter l’éponge. J’essaye toujours de régler ce putain de dérailleur. Je monte comme je peux, ma chaîne n’accroche pas  et ne teint absolument pas sur les derniers pignons, je suis donc obligée de forcer un peu. 1er pointage, j’ai 3’ de retard, je me pose pas mal de questions.

Hormis tous ces problèmes mécanique, je ne reconnais pas le parcours mais j’aperçois les encouragement écris au sol avec mon nom et mon numéro (je ne sais pas qui l’a écris ?!) ; il ne me parait pas autant difficile (peut être que mon esprit est ailleurs ?!), j’ai de bonnes sensations, les jambes sont là et bien là.

Il y a du monde sur la redescende en direction de Savine, on ne peut pas doubler.

Retour sur Embrun, je me dis qu’il faut absolument que je vois mon frère et mes parents, je dois les prévenir. J’aperçois le rond point, et là, aie ! je viens de me faire piquer par une abeille ou une guêpe au niveau de la tempe droite. Ça me fait mal, je me demande si j’ai le dard. Je vois ma mère puis mon père et mon frère, je leur donne l’info, ils ont compris. Je sais que le prochain RDV se fera au croisement de la grande route.

Je passe au rond point en 1h45’, je suis dans les temps malgré tous mes problèmes ça me rassure. J’entends mon nom mais je vais trop vite pour reconnaître les spectateurs.

La route des campings s’avère délicate, ma chaîne saute toujours, les gars qui me doublent me le font remarquer à chaque fois, ça me saoule un peu. J’ai également une  crainte c’est qu’elle casse, car je tire bien dessus. Je me dis que dans l’état actuel des choses, je ne peux pas monter l’Isoard, je dois régler de nouveau mon vélo.

J’arrive au carrefour de la grande route, mais surprise personne n’est là, ni mes parents ni mon frère…… ? 1ère décallage !

Tant pis ils seront plus loin, il y a du monde ici. Je suis bien sur cette partie roulante, ça monte un peu à Guillestre. Je suis obligée de poser pied à terre pour régler de nouveau mon dérailleur ; ça y est cette fois ci la chaîne semble tenir sur les 3 derniers pignons, je peux donc faire l’Isoard. Les premiers gars de Loriol me doublent.  Dernier rond point de Guillestre juste avant la vallée du Guil, et encore mauvaise surprise, il n’y a toujours personne ça m’inquiète. 2° décallage !

La vallée du Guil est très jolie, j’en profite pour regarder le paysage, c’est long et un peu monotone je la combats en scrutant les plaques d’immatriculations des voitures, je ne vois toujours pas celle de mes parents. Benoît me double a se moment là, si mes souvenir sont justes ?

Fin du Guil, ça monte et grand virage à gauche, c’est le début de la grosse difficulté du jour. Je ne m’affole pas, j’essaye de garder mon rythme mais j’ai un coup de barre (je m’en doutais qu’il tomberait à ce moment là ; à mi chemin du vélo), je prend un gel. Je serre les dents et continu. Brunissard se passe pas trop mal, mais je suis en retard sur mes temps. Pas de panique, je suis quand même dans les temps pour le sommet.

Début du col, je regarde mon compteur, je dois rester entre 6 et 7Km/h, j’ai mal aux jambes, ça commence à tirer. Après le 3° virage, j’ai du mal à changer mes pignons, je me trouve dans une portion à 9%, je tourne dans le vide et c’est la chute, la 2° depuis ce matin. Je n’en peu plus, j’essaye de redémarrer mais la pente est trop forte, je n’arrive pas à me relancer. Un spectateur me voit, et vient à mon aide en tenant mon vélo afin que je puisse mettre ma 2° calle. J’ai tout mis à gauche, et l’impossibilité de changer de pignons au risque de dérailler ou de chuter une 2° fois sans pouvoir repartir. J’arrive à casse déserte, j’ai 10’ de retard ; je continue et 19’ plus tard je suis au col, je grimace.

Je m’arrête, je change mes bidons, fais le plein de bouffe et mets mes manchettes. 6’ plus tard je repars pour la grande descente, je suis gênée au début par 2 voitures que je double rapidement …..quel bonheur, un grand plaisir je réussie une pointe à 75Km/h (c’est la 1° fois), en arrivant sur Briançon, je mange mes sandwich au jambon et Kiri, quel régale après 5h de sucré à raison d’une tranche de pain d’épice toutes les ½ heure.

Briançon signifie le retour sur Embrun mais là mauvaise surprise le vent est déjà là, la fin risque d’être interminable. Le soleil tape, je m’hydrate bien et commence à me mouiller la nuque avec les bidons des ravitos.

J’arrive à la 3° difficultés du vélo : la côte de Pallon/Champcella : 1.5Km en ligne droite : terrible. Je prend un gel, au cas où ? J’aperçois le bas de la côte mais aussi quelle surprise mes parents et mon frère ; ça fait 100Km que je ne les ai pas vu, je leur crie car j’ai peur qu’ils ne me voient pas.

J’attaque la montée à mon rythme 6Km/h, mon frère court à côté de moi et me demande si ça va : oui et si je veux quelque chose : une soupe à la tomate (le malto ne passe pas bien à cause de la chaleur) + une pomme pot’, je poursuis avec mes différents repères qui me donne la distance déjà parcouru. Le sommet est là, la suite est plate et permet de récupérer, la redescente sur l’aérodrome est pleine de gravillons et tourne beaucoup, je ne l’aime pas. L’aérodrome, mes parents sont là, je continue et mon frère arrive avec « le ravito ». Il n’est pas seul, Marc Langlet aussi arrive (j’avoue je ne le connais pas mais ça tenue oui, la lustucru !) ça fait un bien fou au moral d’avoir des compagnons de route, je commence à avoir du mal.

Retour sur la petite route des campings, la côte, je ne l’aime toujours pas et la trouve longue, il y a un gars devant moi qui en bave vraiment, je le rattrape. Il n’est pas en forme, un autre d’Anthony me double, on discute un peu (il viendra peut être au club à la rentrée ?!).

Mon frère et Marc me suivent ou me précèdent sur ce retour en léger faux plat descendant. Je demande quelle heure il est, je ne regarde plus ma montre, mon frère me dit que j’ai encore le temps.

Je vois le pont d’Embrun, cela signifie la dernière difficulté : Chalvet. Le calvaire, je n’en peu plus. Mon frère me dit de faire des zigzag, c’est plus facile ! Je ne suis plus très loin du sommet, la route est étroite nous sommes une dizaine, je continue mes zigzag, j’entends des klaxonnes. Mon frère me dit de continuer et de ne pas m’en occuper. Mais à un moment donné, je fais mon zig et au zag, la voiture me double je manque de la toucher, une femme gueule à sa vitre elle n’est visiblement pas contente de mon allure, je lui répond que ce n’est pas elle qui est sur le vélo depuis 9h, des spectateurs haut perché s’en mêlent aussi et ne comprennent pas sa réaction ………. je poursuis mais au zag suivant une 2° voiture et là je manque de tomber au sol et je suis obligée de poser ma main sur le capot !!! ça me met en colère ces gens ne comprennent rien et n’ont aucun respect des coureurs.

Enfin le sommet et le lavoir, je m’arrête, bois et m’arrose la tête. STOP ARRETE, je me retourne, il me dit c’est du coca, génial !!! je vais coller de partout, je m’arrose de nouveau avec de l’eau cette fois-ci.

Dernière petite descente, pas génial car la route n’est pas super mais ça sent le retour.

J’arrive au parc 25’ avant le temps limite. J’entends au micro l’arrivée du 5° triathlète !

A la ligne blanche, je descends de mon vélo et marche jusqu’à ma chaise. Je n’arrive pas à mettre tout de suite mon vélo sur la barrière, je m’y prends en 3 fois ! Je m’assoie et réfléchis sur ce que je dois faire, enlever mes chaussures, chaussettes et ma tenue, puis m’habiller, me mettre de la crème et enfin ma casquette, mon bidon et mes gels. Je pars, ah non arrêt pipi oblige. Pas une bonne idée, les frottements de la selle m’ont fait des brûles j’ai super mal, je n’arrive pas à marcher !!! Je commence à trottiner en canard, j’aperçois mon entraîneur et lui demande de la Biafine. Je fais le tour du lac en trottinant, mon entraîneur est là avec ses tatanes bleu, il me donne la biafine et me dit que j’ai le bon rythme que je dois continuer comme ça, que je dois être finisheur. Il me donne également des nouvelles des gars de Loriol, c’est la cata, déjà 3 abandons ! 1° ravito mon frère est là avec son vélo, la côte d’Embrun : je me rends compte que c’est dur et que ça va être long. Je continue de marcher en ville, ça descend je trottine et mon collègue de boulot est là : JP !

Ah la fameuse digue arrive à moi 4Km aller retour avec en prime un marquage au sol spécial tous les 100m !! Les vélos sont interdits, mon frère m’encourage. Je marche et je regarde tous ceux que je croise, certains ont des colliers et d’autres pas, je me dit que je ne suis finalement pas si mauvaise que ça. Certains sont couchés au sol, d’autres ont des têtes à faire peur, la mienne ne doit pas être mieux. Mon voisin de camping est là et m’encourage. Je ne suis pas bien, mon état se dégrade, je ne suis plus moi-même, je marche comme une machine sans penser  à autre chose. Il parait même qu’une amie m’a encouragé et a couru à côté de moi, je ne me souviens de rien ?! Fin de la digue, j’attaque la route des campings, je prends un gel, ça va mieux je retrouve mes esprits, je bois de la soupe à la tomate, le malto ne passe plus ; j’alterne la marche et la course lente. Baratier, je n’avale pratiquement plus rien de solide et de liquide, mon frère me dit de manger de bananes (j’en mange jamais), erreur fatale 2Km plus loin je suis malade, « c’est pas grave, c’est normal », voilà ce que me dit mon frère. Paroles que j’avale, d’accord, je me dis que tout le monde est malade également ; maintenant ça va mieux, je peux repartir en marchant.

Le porche d’arrivée, le 1er tour est fait, j’attaque le 2° tour, en marchant, j’essaye de garder un bon rythme de marche, la course on verra plus tard ! La nuit tombe, il fait lourd. Je m’arrose à chaque ravito et essaye de manger du pain d’épice mais il est tout dur, voici ma technique : je croque un petit bout, bois de l’eau pour le ramollir, la recrache (trop en boire n’est pas bon pour l’estomac) et avale mon morceau. Je fais cela jusqu’à ce que j’ai mangé ma ½ tranche, ça dure un certain temps.

Très très dur la montée sur Embrun même la grande rue me parait bien pentue ! Je suis malade une deuxième fois au dernier ravito du centre ville, cette fois-ci c’est la pomme pot’ qui n’est pas restée !

Je n’arrive même plus à courir dans la descente, je suis fatiguée, je n’ai plus d’énergie juste mon mental pour avancer. Il fait nuit noire, mon frère a une frontale sur son vélo, ça, m’éclaire un peu la route ; il reste à côté de moi sur la digue, y a plus grand monde. Je ne suis toujours pas bien sur cette digue, mon esprit n’est plus là je le retrouve sur la route des campings. J’aperçois les lumières du lac et imagine son effervescence

Bonne nouvelle, une voiture me suit et m’éclaire, à ce moment là je me dis que je suis la dernière et que c’est la voiture balai, pas du tout, une voiture médicale (mais je vais bien ) !

Au ravito de Baratier, une bénévole demande combien il reste de concurrents, visiblement il y en a encore 15 derrière moi, ouf !

Le lac, je ne peux pas courir malgré l’insistance de mon frère, plus que  3 – 2 et 1Km (je me rappelle de ce que tu m’as dit Laurent B., je profite de ce dernier Km). Je le fais en courant, les gens sont là et m’applaudissent, le tour du parc vélo, ça fait mal, je serre les dents, je dois tenir jusqu’au bout.            Dernier virage, et dernière ligne droite, 200m non 300m. Une haie d’honneur est là, je ne sais pas combien ils sont mais j’ai l’impression d’une foule énorme, leur accueil, leurs applaudissements, leurs cris…….je touche leurs mains, lève les bras et franchis la ligne.

ça y est, Pari gagné, je l’ai fait. J’arrête ma montre, 17h54’24s, j’avance dans l’aire d’arrivée, on me donne le maillot du finisheur (quelle horreur !!!) Je ne réalise pas ce que je viens de faire et d’accomplir, je me retourne et regarde le porche pour bien en être sure, je lève les yeux au ciel, je n’en reviens pas. J’ai du mal à y croire.

Le commentateur me demande de faire des commentaires.

Pourquoi Embrun : Cadeau que je voulais me faire pour mes 30 ans et mes 11 ans (12 ans exactement) de triathlon

Après je remercie mon entraîneur sans qui je n’aurais pas pu y arriver, mon frère, mes parents. Mais aussi le club de Palaiseau et de Loriol qui m accueille régulièrement pendant les vacances scolaires.

 

Voilà, direction les masseurs, ça fait du bien, j’ai des crampes aux orteils. Après c’est le retour au camping, je ne peu plus marcher, je suis obligée de me tenir à ma mère.

 

Arrivée au camping, douche et dodo jusqu’à 9 h ! J’ai mal aux jambes, qui l’eût cru ?!

 

 

 

 

 

 

 

 

Ma pensée actuelle est celle-ci : « Je n’ai pas les qualités et capacités physiques d’un certains nombres de triathlètes mais j’ai certainement les capacités mentales qu’ils n’ont pas », c’est ce qui m’a permis de finir parmi les 543 finisheurs et non pas parmi les 300 abandons !!!!

Enfin, j’ai aussi montré à tous ceux qui n’y croyaient pas (ma famille, mais biens autres encore………… !!) , que j’étais capable d’aller jusqu’au bout JJJJ

 

 

Merci à

               *Mon entraîneur depuis 4 ans : Patrick JEAN qui a cru en moi et qui m’a encouragé jusqu’au bout

               *Mon frère : Pour son soutien le jour de l’épreuve.

               *Mes parents pour leur soutient

               *Ma tante Dominique pour la semaine passée ensemble

               *Cédric D. pour son soutien dans la dernière ligne droite avant Embrun

               *Club de Loriol et leur président Fred O. qui m’a permis de nager régulièrement pendant les vacances scolaires et pendant tout le mois de Juillet. Pour les quelques jours d’avant course, passées ensemble au gîtes des Orres.

               *Club de Palaiseau

               *A  tous ceux qui m’ont encouragé le jour de l’épreuve : Marc L., Khalil, Nicolas N.  (club de Palaiseau),….les filles de Loriol ………Jean-Pierre mon collègue de boulot  et ami ,et tous les spectateurs présents ce jour-là !