Enchaînement de trois disciplines qui se résume parfois pour certains
à nager, nager et nager...
Triathlon
 
24eme, Sylvain Matras nous raconte son Embrunman 2006....impressions d'un néophyte ...

Mon embrunman

La Chalp, Lundi 14, 22h30
Bon, tout est prêt, il va falloir se mettre au pieu.
Vérifs de mon sac, de ma caisse, la combi, le vélo au parc, tout est ok.
Un seul problème : arriver à dormir, parce que demain, c’est lever 3h30.
Un coup de fil à Lilou, restée à la maison la mort dans l’âme (merci chef !).
Stressé : jamais fait d’ironman, moi ! Mon plus long triathlon ? Le sprint de Lamastre (pas beaucoup de références …). Heureusement, les mots sont bien trouvés, je me sens mieux.
Et puis on verra bien !!! allez, au dodo ! boules quiès en main, ou plutôt en oreilles (quelques ronflements dans la chambre), réveil réglé – 3h29.
Pas facile de trouver le sommeil : est-ce que tout est bon, est-ce que je ne vais pas avoir froid, est-ce que je vais tenir, est-ce que … ça a duré une grosse demi-heure, et puis …
Mardi 15, 3h30

Une voix : Papa. Pourquoi il me réveille en pleine nuit ? Non, c’est l’heure, j’ai pas entendu le réveil, boules efficaces. C’est lui qui l’a entendu.

J’ai une demi-heure pour me préparer, c’est la course ;

P’tit dèj, comme prévu : crème énergétique à la banane, café, biscottes.

Pas le temps de stresser, trop pressé.

Toutes les affaires sont dans la voiture, sauf ce que j’ai à prendre sur moi : la tenue de course et de quoi avoir chaud.
Je ne l’ai pas dit ? On est à la Chalp d’Arvieux, dans l’Izoard, 1680 mètres. Gelée blanche ce matin, comme hier du reste.
4 heures 5, départ, personne sur la route, si ce n’est un chevreuil.
4h 40, un coup de fil à Lilou, qui dort à la maison : besoin d’elle pour me rassurer, même si je me sens très serein : la journée sera longue, mais bon…
Embrun, 4 h 50
arrivée au plan d’eau, 7 degrés, drôle d’ambiance, mais pas de temps à perdre : donner mon sac perso pour le ravito de l’Izoard, bien disposer les affaires à ma place (je suis au bout de la rangée, ça fait de la place).
5h40, Fred est déjà dans sa course, Corine est plus loin dans le parc.
Enfiler la combi, un (deux) petits pipi, les filles partent. Déjà ? bientôt à nous.
5h55
Vincent et ses filles sont là pour me souhaiter bon courage.
Je m’approche du plan d’eau, suivant le flot des coureurs, arrivée sur la plage, et pan ! coup de feu, c’est parti,
  j’avais pas réagi. Putain, mais je suis complètement derrière !
Un bouillon, des bras des jambes, mon gars, t’es pas prêt de nager comme on te l’a appris !
Une seule obsession : viser la lumière du bateau ouvreur, aller le plus droit possible.
Le flot se fait de plus en plus nageable, on a fait combien ? un petit km, je pense, à chaque bouée ça se resserre et je bois une tasse ou deux.
Ça y est, je vois la plage, le premier tour est bouclé. Encore un. C’est plus facile, moins serré, je peux m’appliquer dans ma nage. Le deuxième est une formalité : je me cale sur le rythme de ce mec à la combi orange fluo, facile à repérer. Je ne vais pas vite mai ça avance.
Une, deux, trois bouées, ça y est, la boucle est bouclée.

7h12

sortie de l’eau, les jambes un peu faibles. 1h12, c’est un peu moins bien que prévu, mais ça va.

Maintenant, le parc, une galère :
la combi, les chaussettes, le maillot de vélo, les manchettes, le gilet, remplir les poches, les chaussures … 6min 30, énorme ! les mecs défilent derrière moi, et partent en vélo, et moi je suis toujours là, comme un C.. à me battre avec mes affaires.
Enfin, le départ en vélo : surtout ne pas s’enflammer, au milieu du flot de coureurs à remonter – 535 è place au scrath.
Presque 10 bornes de montée, de quoi voir venir. Du mal à me réchauffer.
Première descente : un peu de soleil par moment mais froid quand même : du mal à doser les freins, doubler un max de mecs, remonter, remonter.
Bas de la descente, route de Savines, on va envoyer du gros maintenant, mais d’abord, boire un coup et manger un bout... Pas de bol, mal à l’estomac.
Il faut rouler quand même, ça passera bien ! Savines, Baratier, toujours pareil, St André, Guillestre, ça y est les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Les gorges du Guil, le vent pousse un peu, ça va (un peu mal au bas du dos, pour l’estomac toujours pareil, dès que je mange ou que je bois). Debut de l’Izoard, je commence enfin à ressentir la chaleur (déjà 85 bornes !). Arvieux, Guy et Catherine sont là, ça fait du bien.
10h25
Entrée de la Chalp, la famille est au complet,
Line sur les épaules de Papa, Rémy qui crie des encouragements. Merci ! il manque quand même Lilou !
Rolande et les jumelles sont dans le village, je leur laisse les restes de bouffe.
Montée de l’Izoard, conforme à mes attentes : essayer de mouliner (32x17-19) tout en gardant un bon rythme, cardio à 170 pls, mais pas l’impression de remonter beaucoup. Et pourtant, la casse déserte, 90è place. Bien roulé en fait.
11h07
sommet du col, ravito, un mec se jette sur moi, me remplit les poches, change mes bidons, rien vu.
Un autre me glisse un journal sous le maillot, et vamos !!!
Descente un peu froide, il s’agit pas de se mettre sur le toit.
Arrivée à Briançon, plus mal au ventre (enfin !!)
Montée vers Puy St Vincent, bien. Morceau de plat ensuite, bien dans le rythme sans me faire mal. Montagnes russes, ça va, je remonte encore des coureurs, donc je dois aller plus vite qu’eux …
Montée vers Pallon, raide. Des mec peinent à monter, moi ça va bien, j’en remonte 5 ou 6 avec mon 32x19. Pourquoi ils tirent si gros ???
La tribu Loriolaise, nico, jb, gilles, arnaud et les autres, est au sommet : des cris, des encouragements. Je leur file mon gilet au passage. Y’a des watts, c’est bon.
Fin du vélo : vent de face jusqu’à St Clément, passage à St André, encore quelques coureur remontés, et c’est Embrun, enfin presque : un petit détour par Chalvet, 4 bornes de montée, des mecs collés à la route, pour moi tout va bien, la course à pieds s’annonce pas mal. Descente puis retour au parc.
 
14h05
arrivée au parc – 46è. Pascal est là, en face de moi, il me dit que j’ai l’air bien. Et ben tant mieux ! Changement meilleur que le 1er, et c’est parti pour un marathon, j’ai déjà 8h et quelques d’effort dans les pattes.
  Gaël et Gégé sont derrière la grille : « appelle Estelle, dis-lui que ça va ».
 
Marathon : 42 km. Pourvu que j’en aie pas fait trop ! pourvu qu’il m’en reste !
  La première fille, doublée en vélo, est avec moi, bon rythme. Je vais me caler sur son train, et on verra.
  5’ au kilo, c’est honnête, ça fait 3h30 au marathon, alons-y. Mon cardio me dit 150-155 pls, c’est peu mais bon…il faut aussi boire et manger : coca et tablettes de dextrose.
  Je perds un peu de temps, passage au 20è en 1h42. y’a pas de mal.
 

15h50

Premier passage sur la ligne.
  Les potes sont là, ils crient, c’est bon, je commence à penser à l’arrivée, je me sens bien, le rythme est correct. « moins de 12 heures !!! »
 

Deuxième tour. Je vais essayer d’accélérer. Difficile, même si les sensations sont bonnes. Quelques contractures me ramènent à la raison : ce ne sera pas 3h30 mais 3h35, il faut savoir raison garder. La montée d’Embrun passe bien, au milieu des mecs qui partent pour leur 1er tour. Motivant de les passer, en sachant qu’il m’en reste, à moi, un seul.

 

15 km de l’arrivée, puis la digue, retour sur mes pas, j’évalue : la première fille n’est pas loin.

 

10km de l’arrivée, allez, on en met un petit coup, un, deux, trois coureurs repris, dont elle ;

 

Montée vers Baratier : encore 6 km. Un mec au bord de la route : « allez, finisher ».

 

Ah ouais, en fait j’y avais pas trop pensé.

 

Descente, puis traversée de la Durance. Encore un coureur devant, et le tour du plan d’eau pour le reprendre. Est-ce que je vais y arriver ? on verra bien. J’accélère sensiblement, les jambes suivent. Je le rattrape, puis le double, il n’arrive pas à s’accrocher, c’est bon, maintenant, tenir ce train. Passage à la base nautique, petite montée, puis descente vers le dernier km. Les encouragements se font plus pressants, la foule m’impressionne.

 

Je suis quand même pas un champion, faut pas exagérer !

 

Encore un p’tit tour du parc, je sens la fringale arriver, les planches du bord du plan d’eauont l’air de bouger. La pression tombe, un, deux virages, et c’est la ligne droite d’arrivéee, bordée de spectateurs. Intimidant !

 

J’arrive à la ligne, et là l’émotion !

  Lilou restée à la maison, Maman qui doit être fière de son « grand », là-haut. Je lève deux doigts en l’air après les avoir embrassés.
  Je passe sous l’arche, au bord des larmes.
  Mon temps ? 11h 47’47 ‘’ – 39 ème
  Objectif atteint, belle aventure. J’ai tenu. Nico arrive comme un fou, lui qui n’a pas pu courir est content pour moi : « mon salaud !!!»
  « et fred ? »
  - 24è, en 11h16, c’est bien
  - Corine ?
  - partie y’a pas longtemps à pieds, mais ça a l’air d’aller
 

Et ben voilà, 15 ans que j’en rêvais, depuis que Patrick m’avait donné envie malgré la galère…

 

Bien mérité, ce polo orange DDE « finisher » !

 

Commentaires du COACH: Et cela avec un entraînement basé sur la qualité, nous sommes loin des semaines ahurissantes de 40 heures,engendrant fatigue et dégout de l'entraînement, encore BRAVO SYLVAIN.

 

 

« Un truc à faire au moins une fois… »